Tiens ! un conte de fées …

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Cet article de « Jean-Luc Porquet » est publié dans « Le Canard Enchaîné » du 08/02/2017. Il commande le film « Un paese di Calabria », sortie ce mercredi 8 février.

C’est un petit village, du bout du monde., Riace tout au bout de l’Italie, au bas de la Botte, en Calabre, là d’où l’on s’exile pour. enfin trouver un travail. Un village prudemment ac­croché sur les hauteurs, de façon que ses habitants puis­sent voir.la mer de loin, lamer d’où vient traditionnellement l’ennemi.

Il était presque à l’abandon lorsqu’un jour, le 1•; juillet 1998, · un .bateau empli de Kurdes a échoué sur la plage, par hasard << Il faisait sombre, on ne savait pas si l’eau était profonde. Les gens avaient peur de descendre. Ils sont descendus. Et ils sont restés. .

Et le village a refleuri. Petit à petit; migrants et villageois; ensemble, ont retapé les maisons, relancé le commerce, fait revenir la vie. Ils n’étaient plus que 900 habitants, ils sont aujourd’hui 2100. Oui, c’est un conte de fées, Mais tout ce qu’il y a de plus réel, et qui dure depuis près de vingt ans. N’a-t-on pas besoin de contes de fées, en ce moment ? … ·

Shu Aiello et Catherine Catella nous le racontent à leur façon, douce, lente, contemplative, dans un film documentaire qui fait rêver. On voit des vieux assis devant leur maison, des visages ravinés, une procession en l’honneur de saint Cosma et saint Damiano, des fanfares municipales, un feu d’artifice; une maîtresse donner des cours d’italien, le barbier en pleine .action ..

On y comprend qu’il a suffi d’une poignée d’hommes, dont le maire actuel, pour refuser la peur de l’étranger, le fantasme de l’invasion, le repli sur la préférence locale ou nationale. Et, surtout, pour faire en sorte que l’accueil ne se fasse pas n’importe comment, mais avec intelligence, et compétence. Comme si seuls les pauvres savaient accueillir plus pauvres qu’eux …

Riace continue de recevoir des demandeurs d’asile, s’en est fait une spécialité, en héberge 400, de 22 nationalités différentes, leur offre deux ans de formation professionnelle et d’apprentissage de la langue… La plupart front sous d’autres cieux, certains resteront, et alors ? Ici, l’exode, on connaît : « On a été des millions à quitter le pays. D’autres le feront encore. De ceux qui sont partis, beaucoup ne reviendront pas. D’autres arriveront. C’est l’histoire des hommes, non ? ll n’y a rien à dire de plus. »

Si une chose. Il y a la mafia locale. « La Calabre est une terre de non-droit, dit une villageoise. Une terre où l’on confond les droits et les privilèges. c’est le terreau dans lequel pousse la .’Ndranghetta, où elle puise sa force. » Laquelle ‘Ndrangheta.,la mafia calabraise, voit d’un mauvais œil l’expérience en cours à Riace : les migrants, elle les préfère. en perdition, sans attaches, à sa merci, de façon à leur faire cultiver.la terre pour rien, Alors elle cherche à intimider les villageois :voitures brûlées, coups de feu, .. Riace lui tient tête : « Ensemble pour dire non».

Si une chose. Il y a la mafia locale. « La Calabre est une terre de non-droit, dit une villageoise. Une terre où l’on confond les droits et les privilèges. c’est le terreau dans lequel pousse la .’Ndranghetta, où elle puise sa force. » Laquelle ‘Ndrangheta.,la mafia calabraise, voit d’un mauvais œil l’expérience en cours à Riace : les migrants, elle les préfère. en perdition, sans attaches, à sa merci, de façon à leur faire cultiver.la terre pour rien, Alors elle cherche à intimider les villageois voitures brûlées, coups de feu… Riace lui tient tête : « Ensemble pour dire non».

Tenir bon face à ceux qui « confondent droits et privilèges » : tiens donc …

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